L'Europe veut relever le défi de l'intelligence artificielle | E-Learning-Inclusivo (Mashup) | Scoop.it

La Commission européenne veut développer les investissements dans l'intelligence artificielle et accompagner son essor par un meilleur partage des données. Elle prépare un code éthique sur le recours au robot.

 

C'est une révolution « qui est déjà là » et que l'Europe doit prendre à bras-le-corps : mercredi, la Commission européenne a dévoilé un plan d'action en faveur de l'intelligence artificielle (IA) en soulignant l'« urgence » de ne plus se laisser distancer par les Etats-Unis et l'Asie dans cette compétition mondiale.

Rattraper l'Amérique

« L'Europe doit investir au moins 20 milliards d'euros d'ici à 2020 », insiste Andrus Ansip, vice-président de l'exécutif européen. La Commission montre l'exemple, en promettant d'y consacrer 2 milliards de fonds européens, qui devraient générer selon elle 2 autres milliards d'euros d'investissement via les partenariats publics privés liés, en particulier dans le Big Data et la robotique. Elle appelle les Etats à lancer eux aussi des plans en ce sens, à l'instar de celui annoncé récemment par Emmanuel Macron ou de celui que prépare l'Allemagne. « La concurrence féroce au niveau international exige une action coordonnée » de l'UE, insiste la Commission, qui va préparer un plan en ce sens avec les Etats membres. Le 10 avril, 24 pays de l'UE, et la Norvège, ont signé une déclaration d'intention d'unir leur force dans le développement de l'IA. « Après 2020, il faudrait atteindre au moins 20 milliards d'euros investis chaque année », estime la commissaire au Numérique, Mariya Gabriel.

Le nerf de la guerre est bien financier. Si l'Europe peut se targuer de la qualité de ses chercheurs, de ses start-up et de son savoir-faire technologique (transports, médicaments, agriculture, etc.) comme autant d'atouts actuels et futurs, les fonds peinent à suivre : les investissements publics et privés dans l'IA ne pèsent aujourd'hui que de 4 à 5 milliards d'euros par an en Europe, deux à trois fois moins qu'en Asie et trois à quatre fois moins qu'aux Etats-Unis.

 

Libérer les données publiques

Les trois quarts proviennent globalement de l'investissement privé, que Bruxelles espère doper en favorisant l'accès aux données non personnelles, qualifiées d'« engrais de l'intelligence artificielle ». La commission propose pour cela de réviser la directive sur la réutilisation des informations du secteur public pour l'étendre aux secteurs des transports et des services collectifs et faciliter la réutilisation des données de recherche en libre accès résultant de financements publics. Elle annonce aussi, au passage, des recommandations sur la façon dont les dossiers médicaux électroniques des citoyens européens peuvent être échangés entre Etats membres.

 
 

Charte éthique

Le plan d'action prévoit enfin l'établissement, d'ici la fin de l'année, d'une charte éthique du recours à l'intelligence artificielle, comme le réclame un rapport du Parlement européen de janvier 2017. Bruxelles n'a en revanche pas retenu la proposition des eurodéputés de créer , jugeant cette option très prématurée.

 

Derek Perrotte

Via Jacques Le Bris